Mort de Wanys

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Mort de Wanys
Chefs d'accusation Homicide, blessures involontaires
Pays Drapeau de la France France
Ville Aubervilliers
Date
Nombre de victimes 2

La mort de Wanys, un jeune homme de 18 ans, est survenue lors d'une collision entre son scooter et une voiture de police, le à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis (Île-de-France).

Contexte[modifier | modifier le code]

Le 13 Mars 2024 au soir, un contrôle routier entraîne une dramatique collision avec un véhicule des forces de l'ordre. Mediapart rappelle par ailleurs que depuis 2020, sur décision du préfet Didier Lallement, les consignes données aux policiers sont beaucoup plus souples en île-de-France que sur le reste du territoire quitte à augmenter le risque d'accidents[1]. Enfin, le nombre de morts suite à des refus d'obtempérer connaît une très forte hausse ces dernières années en France (deux morts en 2020, un mort en 2021, treize morts en 2022)[2].

Victimes[modifier | modifier le code]

  • Wanys R.[3] est né en 2005 et était conducteur du scooter. Il résidait à la cité des 4000 à La Courneuve[4]. Selon Le Parisien, Wanys R. présentait « un grave traumatisme crânien et une hémorragie ».
  • Ibrahim H. a 19 ans et était passager du scooter. Il est hospitalisé suite à l'accident pour deux fractures du bassin, une fracture de la cheville et des points de suture au pied gauche.

Faits[modifier | modifier le code]

D'après une source policière, vers 19 h 15, un deux-roues monté par deux individus casqués commet un refus d’obtempérer pour « une pluralité d’infractions routières ». Un équipage de la Brigade anti-criminalité (BAC) de La Courneuve part alors à sa poursuite. Arrivé à l’angle de la rue Edgar-Quinet et de l’avenue du Président-Roosevelt, « le scooter en fuite percute un second équipage avec ses avertisseurs sonores et lumineux activés, arrivant en face ». La vidéo de l'accident semble démentir les policiers sur le fait que les avertisseurs lumineux étaient activés. Yassine Bouzrou, avocat de la famille et du passager, affirme également cela et dément aussi le fait que les avertisseurs sonores étaient activés. Selon la version policière, l'« équipage ayant fait une embardée à la suite d’un refus de priorité commis par un tiers, il n’a pas pu éviter l’impact avec le scooter, malgré une manœuvre de contournement ». Les deux passagers sont éjectés au moment du choc. À 19 h 17, les effectifs de la BAC annoncent en urgence sur les ondes avoir été percutés de face par le deux-roues. Le décès du conducteur est déclaré vers 23 h[4].

L'AFP rapporte que « la thèse policière du refus d'obtempérer était réfutée sur place par des témoins »[5]. Les faits ont été filmés et médiatisés notamment par le média Brut. Sur une seconde vidéo, on voit les policiers décaler avec brutalité le passager, Ibrahim H., alors que celui-ci souffre de deux fractures du bassin, d'une fracture de la cheville et d'une plaie ouverte au pied gauche[5].

Enquêtes[modifier | modifier le code]

Informations judiciaires et garde à vue[modifier | modifier le code]

Le parquet de Bobigny annonce l'ouverture de deux enquêtes. La première pour « homicide » et « blessures involontaires » est confiée à l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN). La seconde enquête pour « refus d’obtempérer aggravé » est confiée au service de traitement judiciaire des accidents de la préfecture de police de Paris[6],[7].

Selon une source policière, le passager du deux-roues est placé en garde à vue pour « complicité de refus d'obtempérer ». La complicité de refus d'obtempérer peut être retenue par exemple lorsque un passager encourage le conducteur à effectuer un refus d'obtempérer. A ce jour, aucune source policière n'a communiqué un élément permettant d'étayer et de justifier une complicité de refus d'obtempérer. Le , le parquet annonce que sa garde à vue a été levée et qu'il « a été emmené à l’hôpital »[6],[7].

Avocats[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

La famille de la victime est représentée par l'avocat Yassine Bouzrou. Le , l'avocat annonce que la famille du jeune homme va porter plainte contre les policiers. La famile estime que « la police a volontairement percuté » le deux-roues[8]. Maître Bouzrou demande le dépaysement de la procédure car il réfute les premières constatations du parquet de Bobigny[9].

Policiers[modifier | modifier le code]

L’avocat des policiers dénonce une « contrevérité » et défend la thèse de l’accident[3].

Conséquence[modifier | modifier le code]

Violences urbaines à La Courneuve[modifier | modifier le code]

Le , un commissariat de police de La Courneuve est visé par des tirs de mortiers d'artifice et des projectiles. Des poubelles sont incendiées et deux policiers sont blessés[10],[11]. Plusieurs « opérations de sécurisation » sont menées notamment pour éteindre des feux de poubelle et « disperser les petits groupes de jeunes ». Les forces de l'ordre font usage de six grenades de désencerclement, de 17 grenades lacrymogènes et effectuent une centaine de tirs de lanceur de balles de défense (LBD)[12]. Le , le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez annonce l'interpellation de neuf suspects[13].

Marche blanche[modifier | modifier le code]

Le 21 mars 2024, une marche blanche est organisée à l'initiative de la famille. Plusieurs centaines de personnes participent à la marche blanche dont Assa Traoré qui a rendu visite à Ibrahim H., passager du scooter hospitalisé, et qui a pris la parole durant le rassemblement[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Camille Polloni, « Courses-poursuites avec la police : l’exception francilienne », sur Mediapart, (consulté le )
  2. « Refus d'obtempérer: 13 morts en France en 2022 après un tir de police, selon un rapport de l'IGPN », sur BFMTV (consulté le )
  3. a et b « Jeune mort à scooter à Aubervilliers : l’avocat de la famille accuse les policiers de l’avoir « volontairement » percuté, la police dément », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a et b Par Julien Constant et Nicolas Goinard avec AFP Le 14 mars 2024 à 07h43 et Modifié Le 14 Mars 2024 À 12h45, « Aubervilliers : ce que l’on sait de la mort d’un jeune homme à scooter après une collision avec une voiture de police », sur leparisien.fr, (consulté le )
  5. a et b « Brut France, le média 100% vidéo », sur Brut. (consulté le )
  6. a et b LIBERATION et AFP, « A Aubervilliers, un jeune homme de 18 ans meurt après un choc à scooter avec une voiture de police », sur Libération (consulté le )
  7. a et b « Refus d’obtempérer : un jeune homme décède après une collision avec une voiture de police », sur Le Figaro, (consulté le )
  8. « Aubervilliers: la famille du jeune mort en scooter va porter plainte contre les policiers », sur BFMTV (consulté le )
  9. « EXCLUSIF. "Ils ont fait exprès, c'était volontaire." le jeune homme blessé dans la collision mortelle entre un scooter et la police à Aubervilliers témoigne », sur France 3 Paris Ile-de-France, (consulté le )
  10. « Seine-Saint-Denis : un commissariat à La Courneuve visé par des mortiers d'artifice », sur Franceinfo, (consulté le )
  11. « Seine-Saint-Denis : après la mort de Wanys, plusieurs jeunes attaquent le commissariat de La Courneuve », sur Franceinfo, (consulté le )
  12. « Ce que l'on sait de l'attaque d'un commissariat à La Courneuve, quatre jours après la mort de Wanys lors d'une collision avec une voiture de police », sur Franceinfo, (consulté le )
  13. « Attaque du commissariat de La Courneuve : neuf personnes interpellées sur la cinquantaine d'assaillants, annonce Laurent Nuñez », sur Franceinfo, (consulté le )
  14. « « Nous ne cherchons que la justice » : de La Courneuve à Aubervilliers, une foule immense a marché pour Wanys », sur leparisien.fr, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]